Les propositions de la FFB pour relancer le bâtiment

Blandine Rochelle
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Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) traverse une période particulièrement difficile. Selon la fédération française du bâtiment (FFB), ce que l’on craignait comme un « scénario du pire » est désormais une réalité. L’activité continue de chuter, entraînant avec elle des pertes d'emploi considérables. À ce titre, la FFB a récemment proposé une série de mesures pour tenter de relancer le secteur et éviter ainsi une aggravation de la crise. Nous vous proposons un état des lieux et vous dévoilons les principales propositions de la FFB.

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La crise du secteur du BTP pourrait entraîner la suppression de 150 000 emplois à l'horizon 2025. © Kyryl Gorlov - Getty images
La crise du secteur du BTP pourrait entraîner la suppression de 150 000 emplois à l'horizon 2025. © Kyryl Gorlov - Getty images
Sommaire

Une crise profonde pour le secteur du bâtiment

Le secteur du bâtiment, déjà fragilisé par la pandémie et l’augmentation du coût des matériaux, fait face à une baisse significative de son activité. Entre 2022 et 2025, la baisse de l’activité pourrait atteindre 21 milliards d’euros. Cette situation a déjà entraîné la suppression de 25 000 emplois en 2024, et ce chiffre pourrait grimper à 150 000 emplois perdus d’ici fin 2025, si la situation ne s’améliore pas.

Les mises en chantier de logements – un indicateur clé pour mesurer la santé du secteur – continuent de diminuer à un rythme alarmant. Au cours des cinq premiers mois de 2024, elles ont baissé de 13,9 % en glissement annuel, atteignant 260 000 logements. Ce chiffre est inférieur au niveau le plus bas observé lors de la crise des années 1990. En parallèle, les permis de construire ont reculé de 10,7 % sur la même période, affectant principalement les maisons individuelles.

Des promoteurs résistent, grâce au logement social

Le secteur du logement collectif semble résister légèrement mieux à la crise, notamment grâce à la vente de logements aux bailleurs sociaux. Cette activité a permis une hausse de 33,9 % dans ce segment. Cependant, cette lueur d’espoir ne suffit pas à compenser les baisses enregistrées dans d’autres domaines.

Face à ce constat alarmant, la FFB a élaboré plusieurs propositions visant à soutenir la reprise du secteur du bâtiment. Ces mesures touchent à plusieurs aspects : financement, réglementation et adaptation aux réalités territoriales.

Le retour du prêt à taux zéro universel

L’une des principales propositions de la FFB est le rétablissement du prêt à taux zéro (PTZ) de manière universelle. Ce dispositif, qui a déjà fait ses preuves par le passé, permettrait de faciliter l’accession à la propriété pour les ménages et d’encourager les investissements dans la construction de logements neufs. Ce levier financier est jugé crucial pour relancer l’activité, dans un contexte où l’accessibilité au crédit devient de plus en plus complexe pour les particuliers.

Stabilisation de MaPrimeRenov’ et soutien à l’investissement locatif

La FFB insiste également sur la nécessité de stabiliser et prolonger le dispositif MaPrimeRenov’ au-delà du 1er janvier 2025. Ce programme, qui vise à encourager les travaux de rénovation énergétique, a connu plusieurs ajustements, dont la réintégration de la prime « geste par geste ». Toutefois, la fédération souhaite davantage de stabilité pour garantir un impact durable sur le secteur. En parallèle, la FFB plaide pour le rétablissement du soutien à l’investissement locatif, un autre levier pour dynamiser le marché de la construction et de la rénovation.

Le nombre de mises en chantier a baissé de 13,9 % au cours des 5 premiers mois de 2024, en glissement annuel.

Adaptation des objectifs « ZAN » et simplification réglementaire

Dans un contexte où les territoires sont confrontés à des réalités différentes, la FFB propose d’adapter les objectifs de la loi Zéro artificialisation nette (ZAN). Selon la fédération, ces objectifs visant à limiter l'artificialisation des sols doivent être ajustés pour tenir compte des spécificités locales, en particulier dans les zones rurales, où l’activité de construction est essentielle à la dynamique économique.

En outre, la FFB appelle à mettre fin à la « surenchère réglementaire », en particulier concernant la mise en œuvre de la réglementation environnementale 2020 (RE2020). Un report des prochaines étapes de cette réglementation permettrait aux professionnels de mieux se préparer et d’absorber les coûts liés à ces nouvelles normes.

Favoriser une concurrence loyale et améliorer les conditions de travail

Au-delà des mesures économiques, la FFB souhaite améliorer les conditions de travail sur les chantiers et garantir une concurrence plus juste dans le secteur. Pour cela, elle propose plusieurs réformes structurelles.

Limitation de la sous-traitance en cascade

La sous-traitance en cascade, qui peut parfois compliquer la gestion des projets et entraîner des retards ou des surcoûts, est dans le viseur de la FFB. La fédération propose de limiter cette pratique pour favoriser une meilleure organisation des chantiers et garantir des délais de réalisation plus courts et plus prévisibles.

Réforme de la TVA et simplification du dispositif REP

Autre point important pour la FFB : la révision du montant de la franchise de TVA pour alléger la pression fiscale sur les entreprises du secteur. De plus, la fédération appelle à une réforme du dispositif de responsabilité élargie des producteurs (REP), qui impose aux entreprises du bâtiment la gestion des déchets de construction. Certaines avancées ont déjà été obtenues, mais la FFB demande une simplification et une harmonisation des pratiques pour réduire la charge administrative pesant sur les entreprises.

Maintien de l’apprentissage et dialogue social équilibré

Pour préserver les compétences dans le secteur, la FFB plaide pour le maintien d’une politique de soutien à l’apprentissage. Cette mesure permettrait de former une nouvelle génération de professionnels qualifiés, essentiels pour répondre aux besoins futurs du marché. La fédération appelle également au maintien de règles propices à un dialogue social équilibré, afin de garantir des conditions de travail justes et équitables pour l’ensemble des salariés du secteur.

Éviter l’aggravation des défaillances d’entreprises

Le nombre de défaillances d’entreprises du bâtiment, qui avait fortement augmenté fin 2023, s’est stabilisé en 2024 à un niveau élevé, proche de 1 200 unités par mois. Sans une reprise rapide du marché, la FFB craint une nouvelle hausse des défaillances, qui pourrait accentuer la crise sociale et économique dans le secteur.

La crise actuelle a un impact direct sur l’emploi dans le secteur du bâtiment. Avec 25 000 emplois déjà perdus en 2024, la FFB craint que le nombre de suppressions ne continue d’augmenter, si aucune action n’est prise.

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