Le marché immobilier en Île-de-France connaît une pression croissante, notamment en ce qui concerne le foncier. Face à la rareté des terrains et à la hausse continue de leurs prix, de nombreux franciliens envisagent désormais la construction de leur maison en dehors de la région. Cette tendance, qui a vu une nette augmentation ces dernières années, reflète un besoin croissant de s’éloigner de l’Île-de-France pour accéder à des terrains plus abordables, tout en préservant une certaine proximité avec la capitale.

La pression foncière en Île-de-France : un obstacle majeur
Le coût du foncier en Île-de-France est devenu l’un des principaux obstacles pour les ménages souhaitant faire construire leur maison. En effet, les terrains disponibles sont non seulement rares, mais aussi très coûteux. Cette situation est particulièrement difficile pour les primo-accédants, qui doivent composer avec des prix souvent inaccessibles. Les ménages franciliens se tournent donc de plus en plus vers d'autres régions pour trouver des terrains à des prix plus raisonnables.
En 2023, 6 184 ménages originaires de l’Île-de-France ont demandé une autorisation de construire, et 41 % d’entre eux ont opté pour une autre région contre seulement 29 % en 2019.
La fidélité des franciliens à leur région d'origine
Bien que de nombreux franciliens choisissent de quitter l’Île-de-France pour construire leur maison, une majorité d'entre eux reste néanmoins fidèles à leur région d’origine. En 2023, 59 % des ménages ayant fait une demande de construction ont choisi de rester en Île-de-France, notamment dans des départements comme la Seine-et-Marne, les Yvelines et l’Essonne. Ces départements offrent encore des opportunités foncières, bien que les prix y soient en constante augmentation.
La Seine-et-Marne, en particulier, a accueilli 1 084 ménages, soit 30 % des nouvelles constructions. Les Yvelines et l’Essonne suivent de près avec respectivement 780 et 762 ménages. Ces départements restent attractifs pour ceux qui souhaitent continuer à vivre près de la capitale et profiter d’un cadre de vie plus agréable que dans les départements plus centraux.
Les départements limitrophes : un compromis attractif
Pour les franciliens qui choisissent de quitter la région, les départements limitrophes représentent un compromis idéal. L’Oise (60), l’Eure-et-Loir (28) et l’Eure (27) sont particulièrement prisés, car ils permettent de trouver des terrains à des prix plus abordables, en restant malgré tout relativement proches de Paris. Beaucoup de nouveaux propriétaires font ce choix pour des raisons professionnelles. En 2023, 32 % des franciliens ayant décidé de faire construire en dehors de l'Île-de-France ont opté pour l’un de ces départements.
Cette tendance est stable depuis plusieurs années. En 2019, 29 % des franciliens avaient choisi ces départements pour y faire construire leur maison. Ce chiffre a légèrement augmenté pour atteindre 32 % en 2023. Les familles y trouvent une meilleure qualité de vie, avec des espaces plus vastes et des maisons souvent plus grandes que celles qu’elles auraient pu obtenir en Île-de-France.
25 % des futurs acquéreurs franciliens souhaitant s’éloigner d’Île-de-France choisissent la bordure atlantique (-7 % en 5 ans) et 11 % d’entre eux, la bordure méditerranéenne.
L'impact du télétravail sur les choix de construction
Le télétravail, largement adopté depuis la crise sanitaire de 2020, a également joué un rôle majeur dans la décision de s’éloigner de l’Île-de-France. De nombreux ménages franciliens continuent de travailler à distance, ce qui leur permet de s’installer dans des régions plus éloignées, sans pour autant perdre leur emploi. Ce nouveau mode de travail a contribué à renforcer l’attrait pour les départements voisins, qui offrent un compromis entre prix du foncier et accessibilité à la région parisienne.
Fabien Cuminal, Président de Domexpo, explique cette tendance en déclarant que « s’éloigner un peu, dans les départements limitrophes, reste un bon compromis pour ces ménages : ils accèdent plus facilement à un terrain pour leur maison, tout en restant à proximité de la région parisienne, où souvent ils continuent d’exercer leur activité professionnelle ».
Une qualité de vie améliorée en dehors de l'Île-de-France
Construire en dehors de l’Île-de-France offre de nombreux avantages, notamment en termes de qualité de vie. Les terrains sont non seulement moins chers, mais les maisons construites sont généralement plus grandes et mieux adaptées aux besoins des familles. De plus, la vie en province permet de s’éloigner des contraintes de la ville, mais aussi d'offrir un accès à des espaces verts plus vastes et à des environnements moins urbanisés.
Cependant, ce choix implique souvent de s’éloigner des infrastructures de transport et des commerces, ce qui peut représenter un inconvénient pour certaines familles. La généralisation du télétravail et le développement des infrastructures en dehors des grandes villes contribuent à atténuer ces contraintes.
L'impact de la hausse des coûts des matériaux
Malgré ces avantages, les chantiers en province ne sont pas épargnés par la hausse des coûts des matériaux, une conséquence directe de la crise ukrainienne et des nouvelles normes énergétiques. En deux ans, le prix de construction des maisons a augmenté de 30 %, ce qui pèse sur les budgets des futurs propriétaires.
Malgré cette hausse, les professionnels de l’immobilier restent optimistes et espèrent une relance du marché, notamment grâce à une possible baisse des taux d’intérêt et des prix du foncier. Le maintien du prêt à taux zéro, prolongé jusqu'en 2027, devrait être ainsi d'un grand soutien pour les primo-accédants, qui sont souvent les plus touchés par cette conjoncture difficile.
Le dernier observatoire du Crédit Logement/CSA estime que les taux d’intérêt seront inférieurs à 3 % en 2025, ce qui devrait redonner des couleurs au marché immobilier, notamment dans la construction.
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